|
|
Comment devenir un monstre
|
|
|
Barbe, Jean
|
|
Un avocat mal dans sa peau, mal dans sa vie et qui se givre à l’alcool malgré femme, enfants, réussite matérielle et professionnelle, est guéri comme avocat sans frontières, pour défendre un type surnommé le monstre et accusé de crimes de guerre, dans un pays jamais nommé, mais où les actes guerriers fratricides et terroristes sont pratiquement un modus vivendi.
Pour défendre son client, l’avocat François Chevalier refait le chemin inverse de la vie du monstre, pour le connaître et le comprendre. Très tôt se présente à Maître Chevalier le questionnement : « Comment un homme simple, effacé et ordinaire peut devenir le monstre? »
À partir d’un « fait divers » lu (disons-le, plutôt choquant), l'auteur a imaginé une histoire qui pourrait être celle du fait réel. Si ce fait divers était porteur de réflexions pour l’auteur, le roman reproduit le schéma sur le lecteur.
Il fait un peu réfléchir sur la façon dont les bien-pensants que sont les peuples de pays occidentalisés, surtout américanisés et plus spécifiquement pour l’histoire, probablement les Canadiens, qui débarquent outre-mer, bardés en façade de bonnes intentions de gardiens de la paix, seraient perçus par ces autres peuples envahis, et forcés à être sauvés d’eux-mêmes.
Un récit où tout ce qui paraît, ou tout ce qui semble être, est raconté parfois avec des mots crus et des phrases fortes qui percutent. Un récit où jamais rien n’est acquis jusqu’à la toute fin. Une histoire efficace qui transmet des émotions, nous est contée en alternance par les deux principaux protagonistes. Un peu déroutante au tout début, cette présentation garde tout de même un rythme stimulant, sans aucun temps mort au récit.
Pour bien apprécier ce roman, on ne doit pas tenir compte du fait qu’il n’y a aucun problème de langage, ni besoin d’interprète pour l’avocat qui débarque en pays étranger, du moins pour la langue. Ne pas tenir compte, non plus, du fait que l’introspection de l’avocat et son cheminement personnel font plutôt dans le rapido presto.
Et même si certains détails de la fin semblent un peu clichés, il n’y a rien de tout ça qui enlève à la beauté du roman. Tous ces détails n’ont que peu d’importance, car la seule histoire du monstre vaut assurément qu’on s’y arrête un bon moment.
Un véritable polar noir au sens large, mais ne vous y trompez pas, pas de récit policier, plutôt une vision du côté sombre de l’homme. Un polar noir sans enquête réelle, plutôt une quête et une réflexion, qui, somme toute, demeure en surface.
C'est au lecteur d’y percevoir ce qu’il veut bien.
Un extrait :
« Dans la neige aussi la mort avait un caractère minéral. (...)
C’était la première fois.
– La première fois que vous avez tué ?
– La première fois que je me suis senti à ma place dans l’univers. »
|
|
Martine
(13 critiques, cliquez pour les voir)
|
|
Genre : Mystère et Policier
| |
Édition : Leméac, 2004, 332 p. , ISBN : 2760932621 Gagnant du prix des libraires du Québec 2005
|
| | Date :
6/1/2007
|
ajoutez votre critique |
Livre(s) de Jean Barbe critiqué(s) sur le Guide
|
|
|
En ligne : 30849 visiteur(s)
|